ALG-FR: CONTENTIEUX NUCLEAIRE (Analyse)

NESA Center Alumni Publication
Dr. Arslan Chikhaoui

Expert en Géopolitique et membre, du Conseil Consultatif d’Experts du World Economic Forum et est partie prenante dans divers Task Forces ‘Track 2’ du système des Nations Unies (UNCSR 1540).
2 Janvier 2022

L’Algérie signataire du Traité de Non-Prolifération  des Armes de Destruction Massive continue sans relache à réclamer l’identification et la décontamination des sites d’enfouissement des matériaux radioactifs qui a eu lieu après le début des essais nucléaires de la France coloniale dans le Sahara Algérien.

En effet, le Président Tebboune a déclaré lors de l’entretien accordé au journal français “Le Figaro” le 30 décembre 2022, faisant suite à plusieurs autres déclarations officielles, que: “….Nous demandons que la France nettoie les sites des essais nucléaires, vers Reggane et Tamanrasset, où la pollution est énorme. Nous souhaitons aussi qu’elle prenne en charge les soins médicaux dont ont besoin les personnes sur place…”

Le contentieux des essais nucléaires français au Sahara Algérien à Reggane (région d’Adrar) et In Iker (région de Tamanrasset), qui ont eu lieu en 1960 et 1966, est un point focal dans la relation bilatérale Algéro-française.

Ainsi, les réclamations récurrentes par l’Algérie s’explique par le fait qu’aujourd’hui aucune victime des radiations parmi les populations locales n’a été ni prise en charge, ni indemnisée pour les dommages subis et que la cartographie des sites n’a toujours pas été restituée à l’Algérie. Selon nombre d’observateurs, l’Algérie considère cette attitude de déni total de la part de la France pour ses crimes contre l’humanité.

La France qui a procédé, entre 1960 et 1966, au total à 17 essais nucléaires au Sahara Algérien portant nom de code “Gerboise bleue”, la première bombe qui a explosé à Reggane (Adrar) était d’une puissance de 70.000 tonnes de TNT est à l’origine d’une catastrophe écologique et humaine. Des documents déclassifiés en 2013 révélent des retombées radioactives importantes qui s’étendent de l’Afrique de l’Ouest au Sud de l’Europe avec des effets sanitaires tels que: cancers, malformations congénitales, fausses couches, stérilité, etc.  A cela, il faut ajouter l’impact sur l’environnement qui ralenti voire inhibe le développement économique des zones sahariennes.

Il est utile de rappeler que Le Chef d’Etat-Major de l’armée algérienne avait, il y a une année, demandé à son homologue français de l’époque, le Général François Lecointre, son soutien pour la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites de Reggane et d’In Ekker. Il avait, également,  sollicité son assistance pour lui fournir les cartes topographiques. De son coté, l’ancien ministre algérien des moudjahidines, Tayeb Zitouni, dans un entretien à l’APS, avait accusé la France de “….refuser de remettre les cartes topographiques qui permettent de déterminer les lieux d’enfouissement des déchets polluants, radioactifs ou chimiques non découverts à ce jour…… La partie française n’a mené techniquement aucune initiative en vue de dépolluer les sites, et la France n’a fait aucun acte humanitaire en vue de dédommager les victimes…”  

Selon nombre d’observateirs, face aux réclamations récurrentes  des Autorités Algériennes, la France a toujours adopté une posture de déni, celle exprimée d’abord par l’Armée Française, qui a voulu faire croire que ces essais nucléaires s’étaient fait dans des zones inhabitées et désertiques. Elle refusera ensuite toute forme d’indemnisation dans le cadre de la Loi française du 5 janvier 2010, dite “Loi Morin”, qui prévoit une procédure d’indemnisation pour  “les personnes atteintes de maladies résultant d’une exposition aux rayonnements des essais nucléaires réalisés dans le Sahara Algérien et en Polynésie entre 1960 et 1998.”

En somme, ce contentieux des essais nucléaires français et de l’enfouissement des déchets nuclaires dans le Sahara Algérien demeure le point nodal d’une relation bilatérale qui se veut appaisée et dénuée de tout paternalisme.

 

The views presented in this article are those of the speaker or author and do not necessarily represent the views of DoD or its components.